Physique et Métaphysique :  

Contes, légendes et poèmes soufis.

Symbolisme des images rencontrées sur les chemins de la Vouivre...

 

LES  DOUZE  TRAVAUX

 

DE  DIANE

 
 

Robert Régor Mougeot

 
 
Où il est conté les douze travaux que devrait faire Diane chasseresse pour que le monde actuel redevienne un lieu de joie, de convivialité et de bonheur.
 
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La potion aux neuf espèces d’herbe

 
 
La potion aux neuf espèces d’herbe, la potion de la magicienne Circée, a ensorcelé les hommes qui sont devenus, sous son effet, lions, loups, chiens ou pourceaux, selon leur nature et le sort qui leur est échu. Les dieux même ne peuvent les approcher.
Diane doit rechercher longtemps l’antidote. Il lui faut découvrir qu’il est composé des mêmes espèces de plantes. Après les avoir recensées et récoltées avec un soin extrême, elle découvre que la décoction faite avec les eaux de la vallée donnait le poison. Pour l’antidote, avec les mêmes plantes, il faut une eau d’une pureté extrême. Tout le secret est là.
La source est au fond d’une grotte dans laquelle les cristaux filtrent la lumière la plus pure de cette terre.
L’entrée en est dissimulée dans les hauteurs himalayennes quasi inaccessibles, là où l’homme respire difficilement.
 
Il s’agit là de dépasser le soi inférieur, de retrouver en soi la Fontaine de Jouvence. Le poison est l’antidote dès qu’il est relié à la Source. Le cercle ensorcelé s’ouvre, le charme est rompu, loin des stagnations des eaux inférieures, passage des émotions humaines à l’Emotion divine.
Cela préfigure le passage de l’animal à l’humain qui ne sera effectif que bien après les autres travaux. Nous payons le prix de notre nature déviée.
 
 

La Flamme sacrée du Temple

 
 
Diane doit empêcher la Flamme sacrée du Temple de s’éteindre.
Les vestales se sont enfuies, abandonnant le Temple.
Les cyclopes, gardiens du Temple, avaient eu l’imprudence de sortir de terre. Ils étaient devenus aveugles et, comme pris de folie, ils tuaient les vestales, certaines parce qu’elles étaient vierges, les autres parce qu’elles étaient stériles. Cette démence menaçait d’être fatale car le Feu sacré n’était plus entretenu.
Diane, armée de son arc, accourt et décoche à chacun des cyclopes une flèche en plein front qui le foudroie. Elle peut alors sans risque pénétrer dans le Temple pour entretenir elle-même le Feu.
 
 
Les forces du chaos tuent indistinctement les fausses vierges et les prostituées stériles. Seule la Vierge véritable, « vierge de toute notion, y compris de la notion de virginité », peut entretenir la flamme qui assure la fécondité.
Le chaos est vaincu par la claire-voyance, « quand l’œil est illuminé, tout est illuminé » !
 

Les arbres du Jardin des Hespérides

 
 
 
En ce temps-là, les arbres du Jardin des Hespérides ne portaient plus de fruits ; bientôt le monde ne serait plus que ténèbres, les soleils s’éteignant les uns après les autres.
Consultés, les dieux avaient envoyé des guérisseurs qui tous avaient échoué. Les racines des arbres se desséchant de plus en plus, les serpents qui se lovaient dans les creux des troncs et des racines, devenus agressifs et venimeux, s’étaient attaqués à ces guérisseurs et les avaient tués.
Diane savait, par une vieille prédiction, que seuls les fleuves de l’Eden pouvaient faire revivre l’arbre mort. Elle obligea les flots à remonter à leur Source et les eaux baignèrent les racines. Les serpents, perdant leurs crocs venimeux redevinrent inoffensifs et s’élevèrent dans les troncs, devenant la sève même d’où jaillirent les pommes nouvelles.
 
 
La contre-nature met à mort les envoyés des dieux. L’homme est un arbre mort à qui seule l’eau du paradis peut redonner vie. Le serpent venimeux se mue en Kundalini et monte dans la colonne vertébrale. L’arbre mort devient l’Arbre de Vie qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.
La pomme est le Soleil de l’Illumination.

 
 

Le filet plus souple que la soie

et plus dur que l’acier

 
 
 
Dans les océans, les crabes géants remontés des abîmes s’attaquaient à toute espèce vivante. Plus ils se multipliaient, plus ils devenaient féroces et les autres formes de vie disparaissaient.
Diane fabrique un filet qu’elle tisse en mêlant ses cheveux à ceux du soleil. Elle obtient ainsi un filet plus souple que la soie et plus dur que l’acier. Elle le lance dans les eaux. Les pinces des crabes s’y brisent. Ceux-ci abandonnent leurs carapaces et se muent en dauphins tandis que les autres espèces peuvent de nouveau croître et multiplier.
 
 
Pour briser le mental, le filet du gourou doit être plus souple que la soie et plus dur que l’acier ! L’instinct se mue en intuition. Naissent alors la conscience de la forme et la conscience de l’harmonie universelle. La carapace devient colonne vertébrale, axe. La connaissance des structures tue le vieil homme, l’harmonie est restaurée.

 
 

Les chiens de Diane

 
 
 
Diane ayant traversé le plateau d’Anatolie, fatiguée de ses courses incessantes et confiante dans les succès obtenus, s’endort de fatigue un soir sans avoir soigné, comme d’habitude, ses chiens dressés pour la chasse.
Ceux-ci, entendant l’appel des chiens de Khorasan et des chiennes d’Arménie, s’enfuient à travers bois et forêt, se mêlent à ceux-ci, deviennent noirs et enragés, pourchassent et tuent les biches et les cerfs par une nuit sans lune.
Au lever du soleil, le carnage est affreux et les chiens enivrés de sang n’obéissent plus à la voix de Diane.
Celle-ci doit un à un les épuiser à la course jusqu’à ce que, haletant et sans force, ils se couchent à ses pieds. Elle doit de nouveau les soumettre au collier et à la laisse jusqu’à ce qu’ils redeviennent dociles et prompts aux ordres, travail long, pénible et fastidieux.
 
 
Ce qui est la trop grande confiance par laquelle la vigilance se relâche. Les instincts inférieurs connaissent un réveil brutal.
Soufre et mercure sont parents de la pierre.

 
 

Diane et les Amazones

 
 
 
Le travail précédent étant enfin terminé, Diane peut connaître un temps de calme et de repos pendant lequel elle parcourt la terre jusqu’à des contrées sauvages traversées par des fleuves immenses.
Dans ces forêts, les Amazones qui avaient survécu à la mort de leur reine Hippolyte, prises de panique lors de cet événement terrible, s’étaient jetées dans le fleuve, prenant forme de dauphins roses. Les nuits de pleine lune, elles reprenaient formes humaines pour séduire les hommes solitaires.
Aux confins des montagnes où sont les sources de ces fleuves, les dauphins gris prennent le soir forme d’homme pour séduire les femmes solitaires.
Diane guide la rencontre des unes et des autres. De là jaillit la nouvelle race.
Les flèches de Diane sont les rayons du soleil.
 
 
Ce qui est le retour à l’état primordial, la fin de l’exil de l’âme et l’unité retrouvée du corps, de l’âme et de l’esprit.

 

 

La chasse aux renards

 
 
 
Diane doit débarrasser la région d’Almentinès des renards qui la dévastent, s’attaquant aux animaux domestiques. Très rusés, ils échappent à tous les pièges, se multiplient, attaquent même en bande les troupeaux et les gens isolés. Ils creusent tout le pays de terriers qui communiquent entre eux, vrai labyrinthe où il leur est loisible de disparaître à tout moment.
Diane dresse spécialement ses chiens pour traquer les renards, les obliger à se réfugier dans leurs terriers. Là, elle fait garder toutes les issues, le temps nécessaire pour qu’ils ne reparaissent plus ni sous le soleil ni sous les étoiles.
 
 
Il s’agit là des dégâts causés par les réactions sentimentales et les émotions. « Bouche tes issues,  ferme tes portes » a-t-il été dit. Il faut, pour cela, une grande concentration et une longue patience.

 

 

Diane et le retour des aigles

 
 
 
En ce temps-là, les aigles avaient presque disparu de la surface de la terre. Nulle part dans les airs, le regard ne pouvait croiser leurs vol s majestueux.
Quelques survivants étaient enfermés dans des cages d’acier, ou bien étaient enchaînés et nourris par ceux qui les avaient exterminés.
Diane doit les libérer et leur réapprendre à voler, à retourner à leur nature d’aigle. Lorsqu’elle brise leurs fers et ouvre leurs cages, après quelques vols lourds et timides, ils reviennent invariablement à leurs chaînes mendier la pitance du geôlier.
Avec son arc, Diane leur décoche flèche sur flèche sans les atteindre ni les blesser pour les obliger à voler à l’exemple de ses traits, en direction du soleil.
 
 
Ce qui est cesser d’alimenter son propre esclavage, réapprendre la liberté, l’autonomie et ne plus faire retour aux anciens esclavages. Pour cela, être soi-même l’arc et la flèche afin de pouvoir regarder le soleil en face.

 

 

La cithare aux sept cordes

 
 
 
La mer Egée, la mer ionienne et toutes les mers si longtemps parcourues par les dieux et les héros s’étaient peu à peu transformées en enfer. L’odeur du soufre et du plomb empuantissait les îles ; les eaux prenaient l’aspect de cloaques et les sirènes maintenant hurlaient de désespoir et d’épouvante à la vue des bateaux. Les marins, sourds à leurs cris, semaient la désolation sur les mers qui mouraient de leur imprévoyance. La vie semblait devoir s’éteindre.
Avec la cithare d’Apollon, la cithare aux sept cordes, Diane joue une musique douce, presque inaudible, une musique anodine, qui peu à peu calme les sirènes en séduisant les hommes. Ils réapprennent ainsi, au son de cette musique enfouie au fond de leur âme, qu’ils sont pierres parmi les pierres, herbes parmi les herbes, animaux parmi les animaux, hommes parmi les hommes  pour devenir dieux parmi les dieux.
 
 
L’âme hurle de douleur dans l’enfer, l'inharmonie cosmique.
Réapprendre l’écoute du son inaudible est le seul moyen de restaurer l’harmonie, en soi d’abord, puis autour de soi.

 

 

Les deux licornes

 
 
 
Diane doit capturer la licorne, la paix sur terre ne reviendra qu’à ce prix.
Elle parcourt la planète en proie aux guerres fratricides. Elle s’essouffle dans toutes les directions et longtemps sa course reste vaine. Tantôt on lui signale la bête dans une région, et tantôt à l’opposé, presque au même moment. Découragée, mais s’informant mieux, il lui paraît que certains ont vu une licorne noire et d’autres, au contraire prétendent qu’elle est blanche.
Elle traverse un soir une étendue de cirses qui lui blessent les pieds. Alors, cessant ses courses vaines, Diane se baigne nue dans le lac Neni puis s’endort épuisée sous les reflets de la lune, à l’ombre d’un houx.
Lorsqu’elle ouvre les yeux, deux licornes l’entourent, l’une blanche et l’autre noire. Elles broutent le houx, dressées sur leurs pattes de derrière et leurs cornes s’entrecroisent. Un arc-en-ciel jaillit ; du ciel descend une colombe qui laisse tomber de son bec un rameau d’olivier que Diane plante en terre.
 
 
L’agitation est inutile ; cesser de vouloir permet la réconciliation des opposés, la fin de la dualité et le retour à l’Age d’Or.

 

 

L’échine du dragon

et l’étoile du ciel

 
 
 
Diane doit conduire les enfants des hommes hors des termitières de béton où ils s’entassent et leur réapprendre à marcher pieds nus dans la rosée.
C’est la flûte de Pan qui lui permet, à l’exemple de l’enchanteur, de faire sortir les habitants de leurs demeures. Mais une fois leurs pieds lavés dans la rosée, une fois qu’ils ont senti frémir en eux l’échine du Dragon, une fois qu’ils ont aperçu l’Etoile dans le ciel, ils ne peuvent s’arrêter en chemin ni retourner en arrière.
 
 
Le premier pas est le seul pas, et l’énergie une de la terre et du ciel redonne la vie.

 

 

Diane et les Cariatides

 
 
Diane doit retrouver le continent perdu, l’ancienne Atlantide disparue sous les flots. Pour cela, il lui faut stopper la course du monde et assécher la mer.
Dans les temps très anciens, les Cariens avaient trahi leur patrie. Depuis leur défaite, les Cariennes portaient sur leurs têtes les frontons du temple déserté par les dieux. Le temps les a changés en pierre et cette pierre même, atteinte de lèpre, se meurt et s’effrite.
Il suffit à Diane de rentrer dans sa demeure pour que se remettent à battre les cœurs de pierre et que la vie coule à nouveau dans les veines de ses servantes, les Cariatides. Alors, de toute part, les eaux se retirent et l’Atlantide autrefois engloutie surgit de la Terre-Mère.
 
 
L’homme a trahi sa véritable patrie et il est devenu insensible à l’Emotion divine. Diane, sœur d’Apollon, réfléchit la lumière du Soleil véritable et par sa seule présence, réchauffe le cœur de l’homme, lui faisant retrouver son continent perdu.
 

 
 
Ecrit  à  Brétigny-sur-Orge  en 1985
 

Commande : regorm000@yahoo.fr : 8 euros + port

© Tous droits de reproduction et de traduction
réservés pour tous pays.
ISBN  2 - 915407 - 04 - 5
Dépôt légal : septembre 2003
 

 
 



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