Physique et Métaphysique :  

Contes, légendes et poèmes soufis.

Symbolisme des images rencontrées sur les chemins de la Vouivre...



Sur les chemins de la Vouivre,
dans l’Aube:

Un saint céphalophore,

saint Lupien


    Nous venions de quitter la Commanderie Templière de Montaphilant et nous circulions au hasard des chemins, nous laissant guider au gré de l’esprit. La conversation vint, on ne sait trop pourquoi, sur la célèbre réponse d’Ibn’Arabi à Abûl’I-Wâlid Ibn Roshd (Averroës). Ibn’Arabi la raconte ainsi :
« J’étais encore à cette époque un adolescent imberbe. A mon entrée, le philosophe se leva de sa place, vint à ma rencontre en me prodiguant les marques démonstratives d’amitié et de considération, et finalement m’embrassa. Puis il me dit “Oui”. Et moi à mon tour, je lui dis: “Oui”. Alors sa joie s’accrut de constater que je l’avais compris. Mais ensuite, prenant moi-même conscience de ce qui avait provoqué sa joie, j’ajoutai: “Non”. Aussitôt, Averroës se contracta, la couleur de ses traits s’altéra, il sembla douter de ce qu’il pensait. Il me posa cette question: “Quelle sorte de solution as-tu trouvée par l’illumination et l’inspiration? Est-ce identique à ce que nous dispense à nous la réflexion spéculative?” Je lui répondis: “Oui et non. Entre le oui et le non, les esprits prennent leur vol hors de la matière, et les nuques se détachent de leur corps”. Averroës pâlit, je le vis trembler; il murmura la phrase rituelle: il n’y a de force qu’en Dieu, - car il avait compris ce à quoi je faisais allusion.[1] »

    Le rapprochement se faisait avec les saints céphalophores du Christianisme qui, ayant eu la tête coupée, l’avaient ramassée et avaient marché avec celle-ci en la tenant bien en main, la portant au niveau du cœur. Plus de mental! La Voie du Cœur seulement! Il en est ainsi de sainte Valérie représentée sur un vitrail de la cathédrale de Limoges, tenant dans un linge sa tête tranchée sur sa poitrine alors qu’un soleil rouge la remplace. De même saint Denis est représenté sur un vitrail de l’église
Saint-François-Xavier à Paris (sacristie), tenant sa tête coupée dans ses mains, à l’endroit du cœur, tandis que les anges mettent à la place de sa tête un Soleil radiant. Il en ait beaucoup d’autres, comme saint Génitour (Le Blanc – Berry), sainte Nolwenn (Bretagne), etc.[2].


Sainte Valérie.
Vitrail de la cathédrale de Limoges.



Saint Denis.
Vitrail de l’église Saint-Françoi-Xavier à Paris (sacristie).
(Dessin de Flamia)



   Soudain, nous remarquâmes un champ où se cultivait une plante fourragère, le lupin. Cela est très rare ! Quelques centaines de mètres plus loin, nous arrivions dans le village de Saint-Lupien ! L’église, chose rare actuellement en semaine, était ouverte. Et là, quelle surprise ! Une première statue de saint Lupien avec, à ses pieds, le dragon apprivoisé. Dans le cheminement initiatique imagé en Occident par la maîtrise du dragon, c’est l’étape qui précède celle de la tête tranchée.


Saint Lupien,
avec le dragon à ses pieds et la palme du martyr.
Statue de l’église de Saint-Lupien – Aube.





 
   Sur l’autel du saint, un très grand tableau le représentant avec la tête tranchée, celle-ci prenant son envol dans le ciel, emportée par un aigle !

Saint Lupien
avec la tête coupée et l’aigle qui l’emporte dans les airs.
Peinture du Maître Autel de l’église de Saint-Lupien – Aube.



 

     Sur le côté, une statue du saint, avec la tête tranchée et légèrement décollée ! La parfaite illustration de la réponse d’Ibn’Arabi à Averroès !

Saint Lupien,
avec la tête décollée.
Statue de l’église de Saint-Lupien – Aube.


 



______________________________

[1] - Cité par Henry Corbin dans "L’Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn’Arabi" – Flammarion, 1958, p.35.

[2] - Voir sur ce sujet le chapitre « La tête tranchée » dans notre livre "La Vouivre, un symbole universel", écrit en collaboration avec Kinthia Appavou.

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La Légende de saint Eliphe

  Dans la Brie, en l’église de Rampillon-sur-Yagoort, saint Eliphe
(ou Elophe, ou encore Alophe ; latin Eliphius)
est représenté portant dans ses mains son crâne décaloté.

La légende anonyme du XIe siècle rapporte qu’Élophe ramassa son crâne coupé, le porta au sommet de la colline qui depuis a pris son nom. Il s'assied sur une pierre qui se creuse pour lui former un siège et, selon une version encore plus tardive, prononce un dernier sermon. Il y est enfin enseveli et une chapelle - future église paroissiale - est élevée sur son tombeau.
 
 
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Saint Eliphe et sainte Barbe entourant la vierge.
 
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Saint Eliphe portant son crâne coupé.
 
Le mental bien en main au niveau du Coeur !
   
Rares sont les saints "décalotés" !
Il y aurait saint Pia à Chartres
et dans la région de Toul, Euchaire et Libaire, tous deux morts décapités, ont, comme Élophe, porté leur tête jusqu'aux lieux qu'ils avaient choisi pour sépulture.
 
C'est encore plus parlant que la tête coupée,
puisque, là, c'est seulement le cerveau mental qui est tenu bien en mains.
 
 
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Ici, saint Eliphe semble remettre en place son crâne coupé.
 
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L'Eglise Saint Eliphe date du XIII
e siècle, 
elle est située sur une butte qui domine la plaine, dans la Seine et Marne.


Un exemple de sainte céphalophore,
 
Sainte Nolwenn ou Noyale,
 
dans le Vannetais.
 
Article paru dans la Lettre d'Île-de-France,
Bulletin trimestriel du Groupe Île-de-France de Mythologie Française
(juillet, août, septembre 2006). N° 59NS.
  
 
Sainte Nolwenn tenant en main sa tête coupée.
Eglise Sainte-Noyale, à Noyal-Pontivy, Morbihan.
 
 
Les saints céphalophores
 
Seuls parmi les saints qui eurent la tête tranchée, ceux qui prirent ensuite leur tête bien en main au niveau du cœur pour marcher jusqu’au lieu de leur sépulture en suivant la vouivre, sont appelés saints céphalophores.
Ainsi en fut-il de saint Denis qui marcha depuis le lieu de son martyre jusqu’à la plaine qui porte son nom et où fut construite la nécropole des rois de France. Sur le vitrail de la sacristie de l’église saint François-Xavier, à Paris, il est représenté tenant sa tête bien en main au niveau du cœur tandis qu’un ange, symbole des énergies cosmiques, pose à la place de la tête un soleil radiant.
 
 
 
Saint Denis, vitrail de la sacristie
de l’église Saint-François-Xavier à Paris.
 
Sainte Valérie est représentée, sur un vitrail de la cathédrale de La Souterraine dans le Berry, portant dans un linge sa tête tandis qu’un soleil radiant prenait sa place sur ses épaules.
 
 
 
Sainte Valérie tenant sur son cœur
sa tête coupée.
Cathédrale de La Souterraine, Berry.
 
Saint Mitre porta sa tête ensanglantée jusqu’à l’autel de la Vierge. Saint Just lava sa tête coupée dans l’eau d’une fontaine. Il faudrait citer saint Firmin à Amiens, saint Fuscien et saint Victorie à Sains non loin d’Amiens, saint Génitour dans le Berry, saints Ferréol et saint Ferjeux, évangélisateurs de la Franche-Comté, saint Millau en Bretagne, saint Junien dans l’Aube1, et beaucoup d’autres encore2. Toujours, avec quelques variantes, les mêmes images maintenues pour que l’essentiel puisse être préservé.
 
Les étapes traditionnelles de l’Initiation,
 
de la maîtrise du dragon à la tête coupée
 
Dans les premiers temps du christianisme l’Intiation se perpétua de la même manière qu’au temps des Druides. L’initiable, celui qui était capable de maîtriser l’énergie de la terre, vivait la réclusion dans l’antre de la Vouivre, dans la Caverne de sous-terre, dans la grotte ou dans la crypte, voire dans la forêt3. Il en ressortait transformé, comme Jonas après trois jours passés dans le ventre de la Baleine, aux dires de la Bible. Ainsi en est-il de sainte Marguerite, représentée issue du Dragon ; elle a vécu l’équivalent d’une nouvelle naissance, son mental est purifié, fécondé par l’Esprit. Elle possède alors la maîtrise de l’Energie.
 
 
 
Sainte Marguerite issue du Dragon.
Bibliothèque Nationale, Manuscrit, N.a.fr. 16251, F 100. XIIIe siècle.
 
La maîtrise du Dragon Vouivre est la première étape importante dans le cheminement initiatique. Sainte Marthe passe sa ceinture au cou de la Tarasque à Tarascon et saint Marcel son étole au cou du dragon de la Bièvre ; saint Véran dompte la Coulobre de la Fontaine de Vaucluse, etc. La liste est longue4.
Qu’est le « saint », véritablement ? Les familiers de la Langue des Oiseaux sauront aisément décrypter le S, comme étant la vibration du Serpent, son Energie et entendront dans « saint », S-un, celui que ne fait qu’un avec l’Energie du Serpent-Vouivre Le S « ayant son fondement dans le I, (…) ne peut véhiculer que l’idée de perfection5.».
 
Après la maîtrise de l’Energie, l’étape suivante, est dite, celle de « la tête coupée ». Le saint, la sainte dans la terminologie chrétienne, a symboliquement la tête tranchée ; son mental, entièrement purifié est tenu bien en main au niveau du cœur. Cette décapitation n’implique aucune souffrance puis qu’il n’y a plus alors d’identification de soi et de son mental. Le fait de le tenir bien en main fait que ce mental joue son rôle à sa juste place de serviteur, et non plus indûment de maître. Il formule ce qui est à formuler, mais ne ratiocine plus ! Il n’a plus de dragon à ses pieds comme dans l’étape précédente. L’ego inférieur est entièrement sublimé et rendu à sa Source, « l’Ego-Centre de l’Unique », selon l’expression de Karuna6.
Le saint est alors au service de son « Seigneur, le Seing-Or, le Sceau de l’Origine » comme le décrypte la Langue des Oiseaux5 ! Cette étape marque l’abandon de sa volonté propre. Elle se retrouve dans toutes les traditions. Dans la Quête du saint Graal, à cette étape, le Chevalier abandonne sa monture pour monter dans la Nef Aventureuse. Dans la Domestication du Buffle dans le Zen, le buffle, devenu entièrement blanc, disparaît et le bienheureux suit la voie des luminaires ; en alchimie, « l’épouse est blanchie et se trouve décapitée7. » Le héros mythique celte de l’Ulster, Cûchulain, fils du dieu Lug, accepte le « défi de la décapitation » proposé par un géant capable de partir, après décapitation, avec sa tête sous son bras. Le Chevalier Vert se fait trancher la tête par Gauvain, dans le poème médiéval Gauvain et le Chevalier Vert8, et doit revenir un an après trancher celle du meilleur chevalier du monde ! Coomaraswamy conte la légende du Râjâ Jagdêo qui se décapite et offre sa tête en aumône à la déesse de la vérité9. Au Rajasthan, Chinnamasta, la déesse symbolisant la dissolution apparente et le retour à l’Origine, est représentée, tenant dans sa main sa tête tranchée, sur un plateau10.
Prendre à la lettre ces légendes, c'est passer à côté de l’essentiel. Le christianisme ajoute la particularité du fait que le décapité marche avec sa tête coupée tenue en main, mais au niveau du cœur. Toujours, il s’agit d’oser perdre la tête, de se libérer de toutes notions et « du sentiment de sa propre importance » comme le dit don Juan Maltus, l’initiateur Toltèque à Carlos Castaneda, qui lui aussi « décapite » son disciple en affamant lentement son mental.
L’imagerie occidentale médiévale rejoint, comme toutes les autres traditions, la Tradition Universelle.
Mais qu’en fut-il de sainte Nolwenn ?
 
La légende de sainte Nolwenn
 
Toutes les Légendes dignes de ce nom possèdent au moins trois niveaux de lecture, le sens littéral, celui qui est pris à la lettre par beaucoup, le niveau analogique et le niveau anagogique. Ce dernier seul propulse véritablement vers l’essence des choses.
 
Qu’en est-il tout d’abord du nom même de cette sainte ?
 
Il existe plusieurs variantes orthographiques de ce prénom : Nolwenn, Noalwen ou encore Nolwen avec un seul ''n''. En français, la terminaison ''wenn'' vient de ''Gwenn'' qui signifie « blanc ». Cette blancheur nous met sur la voie de la pureté et de la virginité ; il convient de prendre ce mot, non pas réduit à sens physique, mais dans celui que Maître Eckhart a contribué à maintenir, l’être vierge de toute notion, y compris de notion de virginité ! « Etant comme n’étant pas », selon son expression dans l’un de ses Sermons.
Le retournement d’un nom est aussi traditionnel ; il indique le renversement des lumières ; il marque que l’être ne prend plus ses racines dans la terre, mais dans le ciel de cette terre. Il n’est pas étonnant, dès lors, de trouver une composition inversée de Noalwenn : Gwennoal, qui a sans doute donné naissance au diminutif Noalig, mais aussi au prénom Gwenaël.
Noal quant à lui, est un nom de lieu qui a donné naissance, une fois francisé, à Noyale. Certains font dériver Noal du latin novialum, signifiant « une terre nouvellement défrichée ». Elle aurait pu être plantée de noyers ! Mais au-delà des apparences, « Noyale », et donc aussi Noal, mettent sur la voie de la noyade, là encore, à prendre de préférence dans la signification de « la fin des émotions ». L’état de Virginité présuppose la fin des perturbations émotionnelles humaines pour l’accès à l’Emotion sans émotions.
 
Que nous apprend par ailleurs la légende de sainte Nolwenn ?
 
« Au VIe siècle, Noyale, fille du roi de Cambrie (Angleterre), ayant refusé de se marier pour se vouer à Dieu, fuit en Bretagne, accompagnée de sa servante. Elles traversent la Mor Breizh, la Manche, sur un rameau de branche au vert feuillage puis remontent le Blavet à la recherche d’un ermitage. »11
Nous sommes bien évidemment dans un symbolisme traditionnel. De fait, la véritable noblesse, comme ensuite la véritable royauté, est celle du corps, du cœur et de l’esprit. Si ses parents avaient été véritablement nobles, elle n’aurait pas eu à fuir un mariage forcé ou arrangé ! Par contre, elle choisit la fuite, l’exil, pour disposer de sa vie, dans l’autonomie, choix qui lui conférera une noblesse, puis une royauté, qu’elle acquiert au prix fort de l’épreuve. Elle prend en main sa destinée tout en l’abandonnant à la providence ! Comme saint Roch avant de partir en pèlerinage à Rome12, elle distribue ses biens aux pauvres, elle se désencombre.
Se vouer à « Dieu », c’est essentiellement suivre les aspirations profondes de son âme et refuser le conditionnement reçu dans le milieu familial, social, culturel de sa naissance. Sa servante est sa raison mentale, mise à sa juste, au service des aspirations de son âme.
Elle s’abandonne, comme jadis les Chevaliers en quête du saint Graal, à la Nef Aventureuse, et traverse la Mor Breizh. Le chant des mots, l’euphonie, nous dite « mort » « braise » ! Ah ! Ce n’est pas interprétation, non ! Qui ne voit l’ardeur de son Amour, et la mort à tant de choses qu’est sa fuite et les périls qu’elle encourt ! Elle est portée par un rameau de vert feuillage ! C’est insensé ! Non, pas, Elle était comme l’arbre mort qui reverdit ; en elle la vie est re-suscitée par sa décision inébranlable !
Tous ceux qui veulent vivre cette vie nouvelle traverse l’épreuve de la Caverne, de la réclusion initiatique. Elle trouve donc un ermitage sur la rive du Blavet.
 
 
 
« Nizan, tyran de Bezo, s’éprend de Noyale
et veut en faire son épouse.
Devant son refus, il la fait décapiter. »
 
 
Maintes légendes de saintes rapportent un épisode semblable. Le refus d’une royauté seulement terrestre est déterminant. Certes, sa raison est à son service, mais elle se doit d’aller au-delà ! Ce tyran est, dans l’Unité de toutes choses, la partie de son âme encore magnétisée à la terre. Cette décapitation traditionnelle, faite en juste temps, est une grande grâce. Elle est encore appelée « Noyale » et par cette mort au monde émotionnel humain, de noble qu’elle était, elle devient « royale ». Noyale et Royale ont même consonance et portent en leur centre le Y, hiéroglyphe de l’androgynie, depuis Platon.
 
 
 
« Noyale rend son âme à Dieu dans grand désert,
sur le bord d’un ruisseau, s’appuyant sur son bâton.
Elle marche en tenant bien en main sa tête coupée
au niveau du cœur (à droite)
et traverse le bourg de Noyal.
Quelques kilomètres plus loin,
 trois gouttes de sang tombées de sa tête
font jaillir une fontaine. »
 
 
 Où rend-elle son âme à Dieu ? Dans le grand désert de son âme, vidée de tout attachement terrestre ! Qui peut imaginer un grand désert sur les bords du Blavet ? Elle n’a jamais été aussi vivante ! De la vraie vie ! Et traverse ainsi le bourg de Noyal à qui elle doit son nom, parcourant plusieurs lieues. Elle suit le chemin de la Vouivre et, de trois gouttes de son sang, jaillit une fontaine.
Ainsi retrouve-t-on ici, la fontaine ou la source, celle que sainte Odile fit jaillir au Mont Sainte-Odile, celle que sainte Rodhène fit jaillir à Levroux, celle que fit jaillir l’ange venu secourir saint Roch dans son ermitage lorsqu’il fut atteint par la peste, celle que Moïse fit jaillir du rocher, … et tant d’autres ! Elle est chargée de l’énergie de la Vouivre du lieu, et il se produira des miracles. Ceux qui sont au fait des anciennes traditions celtes verront la continuité des symboles :
« L’eau merveilleuse ressuscite les morts quand les Dieux et les Druides s’en mêlent. Si les vivants l’utilisent, elle les rajeunit et les préserve, non pas toujours de la mort, mais de la maladie et de la décrépitude.13 »
 
 
« Là, Noyale s’agenouille sur une pierre
qui lui sert de prie-dieu
et dépose sa tête sur un rocher.
Elle plante son bâton en terre
et celui-ci devient une aubépine (à gauche),
tandis que le bâton de la servante donnera un hêtre. »
 
 
Voilà Noyale devenant neuve, pure, blanche, Nolwenn ! Le changement de nom au passage d’une étape de l’initiation est traditionnel.
Il est tombé de sa tête trois gouttes de sang, signe de la purification des trois plans de l’être humain physique, émotionnel-relationnel et mental, pour que la fontaine jaillisse.
Elle s’agenouille devant le rocher où elle dépose sa tête. Le rocher est toujours lié à la source, comme le bâton d’ailleurs avec lequel on le frappe le plus souvent.
« Yahvé est mon rempart, mon rocher » chante le psalmiste. Et Isaïe de dire aux Hébreux : « Regardez le rocher dont vous avez jailli, la Source dont vous avez coulé », comparant Abraham au rocher d’où s’écoule l’eau et Sarah au creux du rocher où cette eau se repose avant de s’écouler14.
Elle et sa servante ont chacune leur bâton de pèlerin.
Planté en terre, sur celui de Nolwenn fleurit l’aubépine.
L’aubépine, alba spina, « épine blanche » en raison de sa fleur, est parente du rosier. Elle peut se présenter sous la forme d’un buisson ou d’un arbre épanoui. Alors que certains arbres se repoussent et que d’autres fusionnent, « l’aubépine, elle, nous présente une voie alternative. Elle n’est jamais parasite et elle ne se laisse pas envahir non plus : elle sait toujours trouver l’espace où elle va pousser et développer sa propre vie, sans avoir ni à lutter, ni à se défendre. C’est cette aptitude à trouver sa juste place qui lui fait prendre les formes les plus inattendues…15 » Les plus vieilles de France atteignent mille ans.
On peut attribuer à coup sûre à la fleur d’aubépine, le symbolisme de la rose. On retrouve en elle la blancheur, attribut de Nolwenn ! Elle fleurit en mai, mois dédié à Marie, à la virginité. Remarquons aussi que le Christ fut couronné d’épines à l’aube de sa résurrection, aube-épine.
Chez les Romains, l’aubépine est dédiée à Maïa, mère d’Hermès. Est-ce un hasard ? Maya est en Orient l’Illusion cosmique qui voile l’Unité derrière la multiplicité ; la sainte repousse par deux fois l’illusoire d’une royauté terrestre, l’illusoire de la richesse et de l’apparence des formes.
En Bretagne, l’aubépine a la réputation de ne jamais être touchée par la foudre, attribut de sainte Barbe si vénérée en cette région puisque son père et bourreau ne fut pas noyé comme Nizan mais foudroyé.
Quel arbre mieux que l’aubépine conviendrait à cette sainte ?
 
Le bâton de la servante donne un hêtre. Arbre majestueux, imposant, arbre sacré des Celtes par excellence. Il s’agit d’Être, par l’Esprit que symbolise le H dans la hiéroglyphie5. Le hêtre « pousse avec une grande vigueur et se montre très résistant. Il dégage de la force empreinte de sérénité, d’assurance et de stabilité. Ses racines s’étalent mais ne s’enfoncent pas en profondeur, comme s’il n’avait nul besoin de s’accrocher à la terre, mais sa stabilité provient de sa propre force. Le hêtre n’est jamais envahi par le lierre, ni par le gui. Sous une hêtraie, pas de ronces, tout au plus quelques fougères clairsemées (…) Rien ne peut venir troubler cette sérénité. D’ailleurs, en Lorraine et dans les Ardennes, on croyait qu’il n’était jamais atteint par la foudre.15 » Ce sont les qualités extraordinaires d’une servante véritable, et ce devrait être celles de la raison à sa juste place, au service de l’être et non de l’avoir.
 
 
 
« Les rochers lui servent de lit.
Elle tend sa tête coupée
à la servante qui l’accompagne.
Une église est construite à cet endroit. »
 
 
On peut imaginer que l’église est construite sur la tombe de la sainte. Inévitablement, il s’est passé un certain temps pour que la dévotion populaire produise cet effet. Nizan, son bourreau, en est furieux.
 
 
« Voulant la détruire, Nizan construit une digue
pour qu’e l’église soit emportée par les flots,
mais sa manœuvre échoue et il se noie. »
 
 
Ce tyran est emporté par son monde émotionnel ; c’est la crue de celui-ci qu’il matérialise. Aussi le lieu n’est-il pas simplement planté de noyers, mais celui du noyé !
Grande illustration est-il ainsi fait du choix décisif ! L’un, victime de sa passion aveugle, traverse une mort horrible tandis que l’autre, « morte avant que de mourir », accède à la sainteté et plus encore à la libération.
 
 
La fontaine devient ensuite un lieu de pèlerinage et la ferveur populaire étant grande, il s’y produit des miracles ; de telles sources ou fontaines sont toujours guérisseuses, chargées de l’énergie de la vouivre particulière au lieu, et la sainte ayant été guidée par cette énergie pour venir jusque là.
C’est l’ouverture du cœur de l’homme au divin, au sur-naturel, qui rend la source miraculeuse.
« Le Pouvoir de la Source, c’est le Pouvoir de ton cœur.
Le Pouvoir de ton cœur, c’est la propulsion de ton âme.
La propulsion de ton âme est adéquate à l’ouverture de ton mental à la Source.
Ainsi les pouvoirs dits miraculeux.12 »
 
Que conclure ?
 
Cette sainte prend place parmi les saints céphalophores. Nolwenn est la « Nouvelle Blancheur », fruit de tout un cheminement : affirmation de soi, errance sur les chemins de la vouivre, vie érémitique, décapitation et cheminement par la voie du cœur.
Dépassant la noblesse selon le monde due à sa naissance, elle acquiert la véritable noblesse pour atteindre la royauté véritable. Elle fait tout un travail sur son monde émotionnel. Elle est liée à l’eau puisqu’elle termine son cheminement en marchant avec sa tête coupée jusqu’à Noyal, nom qui rime parfaitement avec « Royale » ! Les familiers de la Langue des Oiseaux verront que l’énergie du tout se manifeste sur terre par l’androgyne. Aussi point n’avait-elle à épouser un homme quelconque, encore moins la tyrannie de la contre nature  !
 
Notes :
1 - Voir sur ce blog : "Sur les chemins de la Vouivre dans l'Aube".
2 - Plus de soixante ont été répertoriés, mais il y en a encore d’autres…
3 - Pierre Gordon, Les Racines sacrées de Paris et de l’Ile-de-France.
4 - Se reporter sur Internet, dans l’encyclopédie Wikipedia à la page intitulée : saints sauroctones ; ou bien à notre livre La Vouivre un symbole Universel, écrit en collaboration avec Kinthia Appavou (Editions EDIRU).
5 - Emmanuel-Yves Monin, Hiéroglyphe français et Langue des oiseaux, auto-édition.
6 - Dans L’Instruction du Verseur d’Eau.
7 - Eugène Canseliet, Alchimie.
8 - Traduction Alma L. Gaucher, Editions du Point d’eau.
9 - Sir R. Temple, Legends of the Panjâb.
10 - A Mookerjee et M. Khanna, La Voie du Tantra.
11 - Nous avons repris, en caractères gras, les inscriptions des vitraux de l’église de Noyale-Pontivy.
12 - Régor, Du Cheminement Initiatique imagé par saint Roch et sa Vie exemplaire d’après les Enseignements d’Emmanuel.
13 - Françoise Leroux et Christian J. Guyonvarc’h, Les Druides.
14 - Voir F. Jordan, La Tradition des Sept Dormants.
15 - Patrice Bouchardon, L’énergie des arbres.
 
 
(Photos Mnémosyne)



 
 
SUR LES CHEMINS DE LA VOUIVRE,
 
DU BOURBONNAIS AU BERRY
 
 
 
L'Initiation occidentale
 
à travers les légendes
 
de saint Génitour et de saint Principin

(Article paru dans "La Lettre d'Île-de-France. Mythologie en Parisis et en France.
Bulletin trimestriel du Groupe Île-de-france de Mythologie Française.
N° 65, Janvier, février, mars 2008.)
 
 
 
 
 
    Lorsque s'est écrit La Vouivre un Symbole Universel[1], nous sommes passés, par un hasard qui fait bien les choses, par la petite ville de Le Blanc, à la frontière du Berry et du Poitou. Là, la légende de saint Génitour et les sculptures du portail répondirent aux questions que nous nous posions alors sur le cheminement de l?être humain.
 
     Les années ont passé et cette fois, à la frontière du Bourbonnais et du Berry, c'est la légende de saint Principin qui vient imager et confirmer ce que nous avons écrit alors dans le chapitre de ce livre : « La tête tranchée » par la belle fresque de l'église de Chasteloy la bien nommée.
La Hiéroglyphie et Langue des Oiseaux [2] nous propulse à la compréhension essentielle d'un mot :
- S-A-INT : l'Energie (S) de la Manifestation (A) à l'Intérieur de soi ; et par l'euphonie, la sonorité de INT est Un, rappel de l'Unité. Energie Manifestant l'Unité. Le C de l?ancien Français, SAINCT, ajoutait l'ouverture au Ciel.
Par l'Euphonie, l'Energie-Un(e) !
    
La légende de saint Génitour :
 
      Cette légende, et surtout, les trois petites sculptures du portail de l'église de Le Blanc, image parfaitement les trois étapes du cheminement initiatique dans la tradition occidentale au moyen âge. Génitour est un saint céphalophore comme tant d'autres, saint Denis à Paris, sainte Nolwenn et saint Millau en Bretagne, saint Lupien dans l'Aube, sainte Valérie dans le Berry, saint Pia à Besançon?
     Au IVème siècle, Génitour fut décapité sur les bords de la Creuse, ainsi que ses trois frères Etienne, Tridore et Principin et tous sont dits, par la ferveur populaire, les quatre « Bons Saints » de Le Blanc.
Seul Génitour aurait pris sa tête dans ses mains pour traverser la rivière et se rendre jusqu'à l'église. Le portier, Sébastien, aveugle de naissance, entendit frapper au portail et demanda :
- « Qui frappe ? ».
     Le martyr, passant son doigt ensanglanté à travers l'épaisseur de la porte lui répondit :
- « Vois, je suis Génitour », et l'aveugle retrouva la vue.
Sur-le-champ, Sébastien ouvrit et Génitour s'avança dans l'enceinte du sanctuaire et s'étendit, indiquant par-là qu'il choisissait ce lieu pour sa sépulture.
    
  
Saint Génitour tenant dans sa main droite la palme du martyr,
et de la gauche, l'instrument de son supplice.
Eglise de Le Blanc.
   
     Le doigt de Génitour a percé un trou dans le portail gauche. Un pèlerinage a lieu chaque année le 1er septembre ; et la croyance populaire dit qu'il suffit aux aveugles de passer le doigt à travers le trou de la porte pour retrouver la vue et à ceux qui le désir pour avoir beaucoup d'enfants !
     De par son nom, Génitour-Géniteur, ce saint prend sans doute la place d'anciens cultes à la fécondité fort répandus dans les coutumes antérieures au christianisme et qui perdurent encore. Quant à retrouver la vue, les aveugles de naissance que sont tous les humains peuvent en effet, par l'ouverture du troisième oeil, accéder à un « voir » qui n'a aucun rapport avec les yeux ! Ne dit-on pas que les aveugles qui guident les aveugles les mènent dans le fossé ? (Evangile)
 
     Sur le portail droit de l'église sont sculptées 3 petites scènes imageant les étapes du cheminement de tout homme sur la terre : 
 
  
 
 
     D'abord l'homme mordu par la bête, le dragon, la tarasque, avant d'en acquérir la maîtrise lorsqu'il chevauche l'animal symbole de l'Energie. Au centre le bienheureux qui n'est plus dans la lutte ou la maîtrise. C'est l'état qu'atteint le saint céphalophore, lorsque ayant eu symboliquement la tête tranchée, il n'a plus de mental, mais marche en tenant sa tête bien en main au niveau du coeur[3].
 
L'homme chevauchant la bête se retrouve très souvent dans l'iconographie traditionnelle, comme la sculpture ci-dessous que l'on peut voir au Musée Sainte-Croix de Poitiers. Dans les autres traditions, on trouve comme équivalant la chevauchée du tigre en Inde, la domestication du buffle dans le Zen japonais, la chevauchée du lion sur les chapiteaux des églises romanes, voir du cerf ?
  
Vient ensuite l'imagerie du saint ou de la sainte, comme Marthe, Marguerite, Véran, Armel, Clément, Romain, Radegonde et tant d'autres, représentés avec le dragon à leurs pieds. Les pieds étaient, chez les Grecs, le siège de l'âme ! Maîtrise signifie « les pieds sur terre » ! D'ailleurs, au château de Ritz, on peut voir une statue de saint Principin avec sa tête coupée placée à ses pieds.
   
   
Sainte Marguerite et sainte Marthe,
entourant le Christ aux liens.
Eglise Saint-Etienne, Beauvais (Oise).
 
 Ensuite, le dragon, la bête, disparaît et le bienheureux se retrouve seul, levant les bras au ciel ; cette représentation est très fréquente dans la statuaire ancienne.
  
 
 
 
7e image de la Domestication de la vache
dans Zenn, Amours Mystiques
de L. Adams Beck.
 
C'est alors la Voie des Luminaires
notée ici par le soleil et les étoiles.
 
 
La Vie des saints d'Auvergne conte aussi le martyr de saint Paul des Trois-Fontaines ; « sa tête tranchée par le glaive produisit trois bons, sous chacun des quels jaillit une source ; les trois sources sont enfermées dans l'église de Saint-Paul aux-Trois-Fontaines. *»  Une source pour chacun des plans de déploiement d'un être humain : plan physique, plan relationnel-émotionnel et plan mental.
 
 
 
La légende de saint Principin vient compléter celle de saint Génitour de façon fort heureuse.
Décapité dans la prairie d'Yvray, le saint pris sa tête dans ses mains et franchit, à l'aide de grosses pierres qui servent de gué, l'Aumance. Perdre sa tête, son mental ratiocinant, est en effet un passage, le « Passage » par excellence !. Ces pierres sont appelées « pierres de saint Principin. C'est par-là, dit-on, que le saint martyr, portant sa tête tranchée entre ses mains, et conduit par les anges, passa de la rive gauche pour monter à l'église de Chasteloy.* » Elle est bâtie à l'à-pic du gué, l'église, sur une masse rocheuse, à une grande hauteur. 
  
 
   
Saint Principin
tenant sa tête coupée au niveau du coeur. 
Eglise de Chasteloy, Allier.
 
 « Les Anges, ce sont des Energies[4] ».
Les familiers de Hiéroglyphes Français et Langue des Oiseaux[5] noteront que le vieux français se prête encore mieux que l'actuel au décryptage !
- Y-VRAY, c'est la marque du véritable androgyne (Y) ! A cette étape du cheminement initiatique, le passage se fait au-delà du masculin et du féminin.
- PRINCIP-IN : le Principe de l'Unité, à l'intérieur de soi.
- CHASTELOY : chaste-loy bien sûr ! Mieux que Loi est Loy qui rappelle l'androgynie, comme dans les mots anciennement orthographiés : Roy, Foy, soy, quoy,...
Quant à CHASTE, l'ouverture à l'Esprit (CH), la résurrection, manifeste l'Energie sur Terre.
 
 
 
Mais qu'est-il dit par les anciens écrits sur saint Principin ?
 
  
 
 
Fresque retraçant le martyre de saint Principin.
Eglise de Chasteloy, Allier.
 
 « Saint Principin fut fils de la bienheureuse Maura, noble et très-illustre laquelle, quittant biens, terre, possessions, honneurs mondains et patrie gothique infidèle et idolâtre, vint en France trouver saint Martin, archevêque de Tours et entreprit ce long voyage avec douze sièns enfants masles, et s'étant présentez à saint Martin, furent tous recueillis gratieusement et avec la charité requise et ayant été instruicts et cathéchisez en la foy de Jésus-Christ, furent tous ensemble baptisez par les mains du dict saint archevêque de Tours, saint Martin, abjurants l'idolâtrie, et la fausse religion des payens, en laquelle ils avaient estés ellevez et nourris. »
A noter le nombre de 12, comme les douze apôtres, ou les 12 possibilités de l'être humain sur Terre telles que les montre la Dodécalogie. Parmis ces 12, saint Génitour et sans doute Etienne et Tridore déjà cités comme frères de Génitour.
M-Aura est aussi très parlant en la Langue sacrée !
 
« Le Roy des Goths, nommé Agripin, ayant sçeu la nouvelle de ce sainct changement et conversion admirable, en fut tellement irrité, qu'à l'heure il commanda à ses satellites, que, sans autre forme de procès ladicte Maura et ses enfants fussent poursuivis et recherchez, et aussitôt qu'ils seraient treuvés et appréhendez promptement, et sans deloy ils fussent exécutez et mis à mort, pour avoir faict injure à leurs dieux contemnans leurs sacres et autels. »
A privatif de Grip-In se trouve être l'opposé de Princip-In ! 
 
 
 
 
Détail de la fresque : Agripin assiste à l'exécution,
Puis Principin marche en tenant sa tête coupée
au niveau du coeur.
 
 « Ce commandement inique et sanguinaire fut bientost après mis à exécution, car, dix d'entre eux furent massacrez et couronnez de la couronne du martyre. Ce carnage cruel fut faict en divers lieux selon qu'ils estaient rencontrés, comme au pays de Lymosin, Poictoü, Berry et ailleurs. Sainct Principin fut trouvé proche de la rivière d'Eulh, contemplant les choses célestes, et ruminant en soy les commandements de la loy de son Dieu. Enquis et interrogé par un des assassins du roy des Goths, homme forcené et remply de furie quel il estoit, il répondit franchement :
- "Si tu demandes de quelle nation je suis, tu sçauras que je suis de nation gothique. Si tu veux sçavoir ma profession, et quelle est la religion que j'embrasse, je publie et je confesse que je suis serviteur de Jésus-Christ, Fils de Dieu, engravé et placé en mon coeur par la salutaire prédication du bienheureux sainct Martin, par la voix et parole duquel le Saint-Esprit a chassé les tenebres de péché et d'erreur de l'âme de ma mère, de mes frères et de moy, et suis près de mourir pour cette saincte foy que de retourner soubs la tyrannie de Sathan."  
 
 
 
  Le portier touche le sang du martyre pour en frotter ses yeux.
 
 Ce bourreau et assassin courroucé et rendu plus furibond d'une si saincte réponse, tenant une hache, en coupa la teste à saint Principin qui paracheva nonobstant sa prière encommencée, print et amassa icelle teste de sa main et la porta en long chemin jusques à une église dédiée à Nostre-Seigneur et à saint Pierre, frappa à la porte ; estant interrogé par l'aveugle Macharius qui en estoit portier, responce fust donné, et la porte fut ouverte, et tous deux ensemble entrent en ladicte église. L'aveugle s'estant frotté les yeux du sang du martyr, recouvra la veüe. Et parce que ceste histoire est en tous poincts miraculeuse, et surpasse l'oeuvre de nature, je rapporterai mot à mot les paroles latines de lautheur qui la premièrement escrite pour donner plus de foy et oster tout subject au lecteur d'entrer en doute d'icelle.[6] »
 
 
 
Principin pose sa tête sur l'autel.
Le reste de la fresque est illisible ;
il semble qu'il soit ensuite enseveli.
 
 
 
 
 
Vitrail de l'église de Hérisson (Allier).
 
Non loin du lieu du martyr de saint Principien, le rocher de Romié, « s'ouvrait, dit-on, à certain jour pour livrer un trésor » ! Nul doute pour un familier de ces légendes, qu'il s?agissait d'une Vouivre qui sortait de terre ces trésors, « à Pâque fleurie » ; ce trésor étant la possibilité de la résurrection ! « une croix y fut élevée pour combattre sans doute la superstition. » Le sens anagogique s'est perdu, de part la chasse au paganisme déclenchée par l'église, mais cette légende se retrouve dans maintes provinces[7] !
 


 
 
La Vie est si extraordinaire qu'il est tout à fait possible que les faits soient exacts ou du moins que la légende se soit construite autour de faits avérés. Mais ensuite, si l'on en pénètre pas le sens anagogique, ces fais rapportés deviennent au fil des siècles des croyances qui ne sont en rien opérative. Marcher avec la tête coupée tenue bien en main au niveau du coeur, c'est symboliquement l'unité cerveau-coeur, retrouvée. Le Penser divin ne rencontre plus d'obstacle, ne subit plus la réactivité du mental humain, et l'Energie-Amour, par la Voie du Coeur, est naturellement mise en ouuvre pour que se fasse la chose juste en juste temps. L'Inspiration juste peut couler sans aucune interférence. Alors la radiance du lieu attire les pèlerins, il s'y produit des miracles dit-on, mais la Vie n'est-elle pas le Miracle par excellence ? 
 
 
 
 
Saint Principin tenant sa tête coupée
au niveau du coeur. 
Eglise de Chasteloy, Allier.
 
 
 En remontant sur le Berry, l'Inspiration nous a fait passé par la petite commune de Drevant, dans le Berry, ou se trouve, sur le fronton de l'église, une horloge à aiguille unique ! Belle coïncidence sur la Voie du Principe-Un !
 
  
 
[1] Kintia Appavou et Régor R. Mougeot, La Table d?Emeraude, 1993, 3e édition EDIRU 2006 : EDIRU, 2006.
[2] Voir Hiéroglyphes Français et Langue des Oiseaux, Emmanuel-Yves Monin.
     [3] Se reporter aux articles : « Sainte Nolwenn et la Vouivre » et « Sur les chemins de la Vouivre dans l?Aube » sur ce blog.
* Histoire de saint Principin, Martyr de Chasteloy, suivie de quelques notes sur l?histoire d?Hérisson, par M. Pierre Forestier. Brochure vendue dans l?église.
[4] Karuna Platon, L?Instruction du Verseur d?Eau, Editions de la Promesse.
[5] Emmanuel-Yves Monin.
[6] Dom Marcaille, Bénédictin des antiquités de Souvigny, Vie et martyre de saint Principin, qui fut martyrisé près de la ville d'Hérisson, en Bourbonnais le corps duquel est gardé en l?église de Souvigny, livre VI. 
[7] Voir La France Mythologique de Henri Dontenville, et tout particulièrement la légende du trésor caché sous la pierre de Vouivre du Mont Beuvray ; cette Vouivre sortait son trésor « le jour de Pâques fleuries », le jour de la résurrection.
 
 
 Voir "Les chemins de saint Roch dans le Bourbonnais" sur le site http//SaintRoch.energie-manifestee.net
 en suivant  "Hauts-Lieux", "Auvergne" puis "Allier".
 
 
 
 
 
Sainte Tanche, 
une sainte céphalophore en Champagne
 
 
 
     L’église de Lhuitre, dans le Nogentais, est dédiée à sainte Tanche. Son transept est du XIIe siècle.
     La légende rapporte que la jeune fille, au début de l’ère chrétienne, refusa les avances d’un domestique ; celui-ci la battit, puis lui trancha la tête avec son épée. La jeune fille se releva, prit sa tête dans ses mains et marcha dans la campagne jusqu’au Val de Lhuitre où elle déposa sa tête.
     A cet endroit fut construite une chapelle qui fut un haut lieu de pèlerinage au Moyen Âge.
 
 
Ste-Tanche--Lhu-tre.JPG

Sainte Tanche portant sa tête coupée.
Bâton de procession dans l’église de Lhuitre.

 
Ste-Tanche--Lhu-tre--5.JPG  
Statue de sainte Tanche portant sa tête coupée.
dans l’église de Lhuitre.


Ste-Tanche--Lhu-tre--3Aube.JPG
  
 Tableau à la gloire de sainte Tanche
qui brandit l’épée avec laquelle sa tête fut coupée ;
Eglise de Lhuitre.
 
 
 chapelle-Ste-Tanche--Lhu-tre3.JPG
 
A quelques kilomètres du centre ville, sur la route de Saint-Ouen,
la chapelle construite sur le lieu où sainte Tanche déposa sa tête coupée.
Ce fut un grand lieu de pèlerinage durant tout le Moyen Âge.
 
 
chapelle-Ste-Tanche--Lhu-tre--Aube.JPG
 
Dans la chapelle, la statue de la sainte.


chapelle-Ste-Tanche--Lhu-tre--2.JPG
 

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Sur les chemins de la Vouivre en Champagne

Saint Nicaise, à Reims


 

Nicaise, évêque de Reims a eu la tête tranchée par les Vandales o

u par les Huns au Ve siècle : « une fois que les barbares lui eurent coupé la tête, il se saisit de celle-ci et la porta jusqu'au lieu de son tombeau ».
C'est cette scène qui est reproduite sur le tympan du portail de la cathédrale.


Sur ce vitrail de la cathédrale de Troyes, le saint céphalophore tient sa tête bien en main
tandis qu'une étoile à six branches rayonne à sa place.

  


Partout, se retrouvent les mêmes légendes
qui maintiennent l'essentiel :

Le saint céphalophore image celui qui marche

 sur les Chemins de la Vouivre, guidé par l'Energie,

avec l'ouverture du Cœur, le mental étant tenu bien en main.

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