Physique et Métaphysique :  

Contes, légendes et poèmes soufis.

Symbolisme des images rencontrées sur les chemins de la Vouivre...

 

La naissance de Caïn et celle d’Abel (?bel)

 

 

Sans aller chercher dans les autres mythologies, comme le montre déjà les diverses appellations de « Dieu » dans la Bible, il y a maints concepts différents pour parler du « Un-sans-second » ! D’où la nécessité d’aller… au-delà de tout concept.

La Genèse, si l’on en suit le sens à la lettre est pleine de surprises, de non-sens, de contradictions. Et les traductions s’avèrent si différentes…

Yahvé, le Principe créateur transcendant, n’était pas sans  savoir ce qu’il adviendrait de son Don lorsque Il créa, dit-on, l’Homme à son image, à sa ressemblance. L’Homme avec un grand H, car l’animal humain n’est qu’en chemin vers sa plénitude.
Nous prendrons en exemple le mythe de Caïn et Abel. Qui est l’assassin dans cette histoire, ce mythe rabâché depuis deux mille ans ?
 
Mais avant, il faut bien comprendre qu’en Eden il y avait deux arbres, celui de la connaissance du bien et du mal, et le second, l’arbre de vie. C’est le fruit du premier, celui de la connaissance du bien et du mal qu’Éve (Hava) cueille et offre à Adâm, avant que le temps en soit venu, avant qu’il ne soit mûr.

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Arbre de vie entouré de deux panthères tenant une corne d'abondance

Nous prenons la traduction de la Genèse donnée par André Chouraqui qui traduit le mot hébreu correspondant plus justement par « Entête » puisque c’est le désir Mental qui crée le monde manifesté.
Le tétragramme IHVH représente le nom imprononçable du Dieu transcendant tel qu’il s’est fait connaître au peuple juif et on lit ce nom en prononçant la sonorité adonaï, se traduisant par « Messeigneurs », pluriel d’adona, « Monseigneur ». IHVH est parfois appelé El, signifiant « Très Haut », l’un de ses attributs qui donne également « Elohîm », le « Puissant ». Mais ce mot est le pluriel de Eloha, « Celui qui vient du Ciel ».

 

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Le Dieu transcendant (IHVH) et les Energies (Elohîm : dieux, anges, archanges, chérubins) qui le manifestent sont UN et l’on pourrait parler « des Unités de l’UNITÉ », ou de « Multiple-Unitif » comme dans les Œuvres de Platon le Karuna.

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Adam et Ève chassés du jardin d'Éden,

chaire de la Gudule de Bruxelles (détail).

Ève tient encore le fruit défendu dans sa main.

Lorsque Adâm et Éve se chassent d’eux-mêmes, par leur transgression, du Jardin d’Eden :
« IHVH Elohîm dit :
“Voici, le glébeux est comme l’un de nous pour connaître le bien et le mal.
Maintenant, qu’il ne lance pas sa main,
ne prenne aussi de l’arbre de vie, ne mange et vive en pérennité !”[1] »
Ayant mangé le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Adâm et Hava sont devenus comme les Elohîm, l’un d’eux ! Mais l’Arbre de Vie, la Connaissance de l’au-delà du bien et du mal ainsi que l’immortalité, leur reste interdit du fait de leur désobéissance à IHVH qui les chasse du Jardin d’Eden. « Ceux qui viennent du Ciel » ne naissent pas par matrice humaine, comme eux ; Ils sont qualifiés d’Avatars en Inde, les Avatars étant des mises en forme de l’Energie.
Dans « Entête », il est dit :
« Adâm pénètre Hava, sa femme. Enceinte, elle enfante Caïn.
Elle dit : “J’ai eu un homme avec IHVH”
Elle ajoute à enfanter son frère, ?bel.
Et c’est ?bel, un pâtre d’ovins. Caîn est serviteur de la glèbe.[2] »
Toute naissance  est reconnue comme puisant son Origine dans le créateur transcendant. Les deux premiers nés d’Adâm et Éve vont devenir, l’un agriculteur et l’autre éleveur.

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Julius Schnorr von Carolsfeld, Caïn et Abel (1860).
 
Caïn et Abel par James Tissot.


« Et c’est au terme des jours,
Caïn fait venir des fruits de la glèbe en offrande à IHVH
?bel a fait venir, lui aussi, des aînés de ses ovins et de leur graisse.
IHVH considère ?bel et son offrande.
Caïn et son offrande, il ne le considère pas.
Cela brûle beaucoup Caïn, ses faces tombent.
IHVH dit à Caïn : “Pourquoi cela te brûle-t-il,
pourquoi tes faces sont-elles tombées ?
N’est-ce pas que tu t’améliores à porter
ou que tu ne t’améliores pas,
à l’ouverture, la faute est tapie ; à toi sa passion. Toi, gouverne-là.”[3] »

 

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Caïn, sculpté par Giovanni Duprè (Musée de St. Pétersbourg.

Dans une lecture exotérique, littérale, on voit que Yahvé reçoit l’offrande d’Abel et non celle de Caïn à qui Il demande de gouverner sa passion, sa jalousie.
Carlo Suarès nous invite à « remarquer que dans la citation bien connue de l’Ecclésiaste : “tout est vanité”, le mot vanité est une traduction du vocable Hevel. Dans la Genèse, le même mot traduit vraisemblablement un homme, assassiné par son frère.[4] » Ainsi le même vocable est-il employé pour désigner le frère de Caïn, Hevel, et pour signifier « vanité » !
Or le kabbaliste pour qui Adâm et Hava sont des archétypes, écrit :
« Si Yhwh, essence, regarde Abel c’est qu’Abel, charnel et fonctionnel, en assassinant ses brebis et en s’engraissant de leur graisse, est conforme à lui-même, à sa propre essence. Et si Yhwh, essence, ne regarde pas Caïn lorsque celui-ci veut faire coïncider sa propre essence et ses échantillons de fruits et de légumes, c’est que cette essence et ces échantillons ne coïncident pas. Cette situation est assez claire pour qui accepte de lire ce texte dans sa simplicité… Remarquons qu’au cours de toute cette histoire, Caïn est le seul à voir Yhwh, à l’entendre, à lui parler, à lui déclarer un amour passionné. Abel n’entend rien, ne voit rien, ne dit rien…[5] »

 

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Le Corps d'Abel découvert par Adam et Ève, William Blake, c. 1825.


[1] - La Bible, traduction André Chouraqui, Desclée de Brouwer, Entête (Genèse), 3, 22.
[2] -- Ibidem., 4, 1-2.
[3] - Idem, 4, 4-7.
[4] - Carlo Suarès, Je suis Caïn. Première publication dans Maitreya 3, 1972.
[5] - La Bible reconstituée, pp. 63 à 67.

 

 
 



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